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Tinlenval parle cinéma

Petit blog personnel d'un geek "cinéphile". Critiques subjectives de films divers et variés.


Moon

Publié par Tinlenval sur 21 Janvier 2015, 14:30pm

Catégories : #Films SF

Moon

Toujours autant attiré par les films de SF, j'avais lu que le scénario de Coherence pouvait faire penser à d'autres films du genre, comme Moon. Je me suis donc empressé de me renseigner dessus, et c'est vrai qu'il m'a parût tout de suite très intriguant, et nous voici donc aujourd'hui sur l'avis que je lui porte !
 

Attention, risques de spoilers !

 

Réalisé par Duncan Jones en 2010, le film nous présente un personnage, Sam Bell (interprété par Sam Rockwell), envoyé depuis (très exactement) 2 mois et 2 semaines sur la Lune. Son travail est de récolter de la pierre lunaire et de l'hélium 3 et de l'envoyer sur Terre, source alors d'energie. Souffrant de sa solitude, Sam commence à avoir des troubles physiques et psycologiques, et des choses étranges semblent alors se produire autour de lui.

Moon

Le film est, pour moi, très bien réussi. L'image est belle, la musique magnifique, et le tout nous porte pendant 1h40 dans un nouvel univers. Un bon film psychologique qui se détache du reste par sa réalisation.

Tout d'abord, le film commence par un message de publicité. Très intelligent, puisque cela nous permet de comprendre le contexte du film : nous sommes dans le futur (pas de date précise, peut-être 100 ans ?), et aujourd'hui la Lune est exploitée par l'Homme pour en faire son énergie.
Je me souviens du slogan emblématique de la pub :

"Qui aurait pu penser que la source de notre énergie, était juste au dessus de nos têtes ?"

Moon

Ainsi, on est directement envoyé là-bas, aucune scène ne se passe directement sur Terre. D'une part, le peu de budget empêchait sans doute de le faire, mais je pense plutôt qu'il s'agit de centrer l'histoire sur le lieu principal de l'histoire : la Lune. On évite ainsi des diversions qui pourraient peut-être perdre le spectateur.

On découvre donc Sam Bell, et son seul ami Gerty, un robot à l'intelligence artificielle, qui peut discuter et interagir avec lui. Le personnage semble ne pas prendre soin de lui, il est très barbu, et a les cheveux longs. Cependant, le lendemain du commencement du film, celui-ci se recoiffe et se rase, comme s'il attendait de la visite (nous ?). On est alors directement intrigué par lui, il semble vivant, jovial, drôle, voire "décontenancé" de sa situation actuelle (en même temps, ça fait 3 ans pour lui, mais pour nous c'est tout nouveau), et on se prend d'affection pour le seul être humain qu'on verra du film.

Moon

La seule motivation de Sam pour continuer à se lever chaque jour était, justement, cette envie de rentrer chez lui. Il recevait chaque jour des messages de sa femme et de sa fille, au contenu plus ou moins varié, et son humeur de la journée dépendait de ce contenu.

En parlant de réveil, j'ai trouvé la musique d'alarme plutôt marrante : "The One And Only" des Chesney Hawkes qui colle vraiment bien au thème (littéralement "Le seul et l'unique") !

Continuons donc sur la musique : composée par Clint Mansell (Requiem For A Dream), les musiques s'incrustement parfaitement dans l'univers du film : calmes et posées, elles nous transportent au rythme lent du récit. Très poignantes, les musiques s'adaptent à l'esprit du héros : lorsqu'il est en colère on a le droit à du violon aigu, et un rytme plutôt en suspens et lorsque le récit se calme (et que le héros est d'humeur nostalgique), la musique aussi, et on a le droit à des balades somptueuses de piano. 

Allez, c'est cadeau ! Cette musique est si envoutante qu'il suffit de fermer les yeux pour se laisser emporter ...

Le film tourne donc principalement autour de la question l'existence de soi et de la quête d'identité.

(Spoilers dans ce qu'il va suivre)

Au fur et à mesure que le film avance, le héros, de plus en plus mal au point, commence à avoir des hallucinations, d'abord en croyant voir sa femme (et avoir des contats physiques avec elle), puis sa fille, et puis lui-même. 

En effet, après avoir eu un accident, et s'être réveillé dans l'infirmerie de la station, il va découvrir en retournant sur les lieux de l'accident qu'il y a un autre "Sam" dans la voiture, et que donc ce n'est pas lui qui a eu un accident, mais un "autre Sam". On comprendra alors que le Sam qui était dans la voiture accidentée était le premier Sam qu'on suivait depuis le début du film.

Là où c'est intéressant, c'est qu'on se pose exactement les mêmes questions que lui, à ce moment du récit : "Est-ce une hallucinaion ?" "Qui est le clone, et le vrai Sam ?", alors les deux s'observent mutuellement et se renvoient constammant la pareille, pour savoir qui est le clone, et qui ne l'est pas.

On est en doute permanent, lorsqu'ils demandent à Gerty s'ils sont véritablement des clones, il leur répond simplement par "Tu as faim, Sam ?". Egalement, lorsque l'un des deux Sam (le plus vieux, celui qu'on suit depuis le début du film, qui a eu l'accident), demande au deuxième (celui qui est apparu après l'accident) s'il peut lui serrer la main, puisqu'il n'a pas vu/touché un autre être humain depuis maintenant 3 ans, ce deuxième Sam répond "Plus tard". On est donc toujours dans l'incertitude, pour savoir si ce deuxième Sam est réel, ou bien si le premier à des apparitions schizophrènes. 

Un très beau plan qui illustre parfaitement la confusion du personnage sur sa réelle identité.

Un très beau plan qui illustre parfaitement la confusion du personnage sur sa réelle identité.

Au début de cette rencontre entre les différents Sam, on remarque une certaine distance entre eux. Et puis, on s'était attaché à notre premier Sam, donc on retrouve cette idée du "gentil Sam" et du "méchant Sam", lorsque les personnages se battent par exemple.

Le deuxième Sam(le nouveau), semble beaucoup plus nerveux que le premier, et veut essayer de mettre cette histoire de "clones"au clair. Alors que le premier est beaucoup plus posé, et continue de travailler sur sa maquette.

D'un côté, c'est très intelligent, puisqu'on à le droit à deux facettes de Sam totalement différentes, ce qui nous permet d'ailleurs de bien les distinguer (bien que l'un est plus abimé physiquement que l'autre), mais d'un autre c'est très décontenançant. Les deux personnages s'allient finalement et discutent comme si de rien était, comme s'ils n'étaient pas clones, voir comme s'ils n'étaient pas la même personne, mais pourtant semblent totallement se compléter. C'est d'autant plus troublant lorsque le robot se met à leur parler aussi comme s'il n'y avait qu'un seul Sam.

Donc au final, on s'attache à ces deux (mêmes) personnages, et on veut les voir s'en sortir ensemble.

(Le premier Sam au premier plan, le Deuxième derrière)

(Le premier Sam au premier plan, le Deuxième derrière)

Le dernier aspect qu'aborde ce film, c'est qu'avec ces personnages, il montre le devenir de l'humanité.

Tout d'abord, la station Lunar et ses moissonneuses qui portent le nom des quatre évangiles (Jean, Marc, Matthieu et Luc) montre la volonté de tout recommencer à zéro. L'énergie lunaire est l'avenir, et on ne compte aujourd'hui que sur ça (comme c'était le cas, à l'époque, avec la Bible).

Ensuite, Lorsque les personnages comprennent qu'ils sont des clones, ils réalisent également qu'ils ne repartiront sans doute pas sur Terre. Ils trouvent alors une grande salle (qui peut faire penser au jeux-vidéo DeadSpace), dans laquelle sont entreposés tous les anciens et nouveaux Sam. On voit alors la détresse dans le visage des personnages, ce qui est très touchant par ailleurs ! On comprend comme eux qu'ils seront bloqués là ...

Ce passage fait donc penser à la stratégie humaine, à son esprit sénile et égoïste : Les employés de Lunar n'ont que faire de(s) Sam, et ne s'occupent de lui que par intérêts. Et donc on est en droit de se poser la question de "Et si cela arrivait, l'Homme ferait-il la même chose ?" Toutes ces questions d'éthique et de morale sont très bien amenées par le film, et nous fait également réflechir sur notre propre condition actuelle.

Il y a donc une certaine fatalité dans l'histoire. Le passage où Sam arrive à rentrer en contact direct avec sa famille est également très touchant, et c'est à partir de là qu'on comprend ce qu'il va se passer.

Je ne veux pas en dire plus, parce que la fin est très belle, et très émouvante. Je vous laisse donc le plaisir de la découvrir !

Moon

En conclusion, Moon est un très beau film psychologique. Moi qui m'attendait à avoir le cerveau en vrac à la fin, j'ai au contraire été apaisé. Le film nous amène à la réflexion très subtilement et calmement, tout cela avec une bonne dose d'émotion.

Malgré un rythme parfois lent, cela est amené avec une légèreté qui fait, qu'au final, on ne voit pas le temps passer. La musique, la lumière et les décors sont parfaitement utilisés, et on voyage dans un autre univers fascinant pendant 1h30.

Le(s) personnage(s) attachant(s) nous plongent d'autant plus dans le récit. C'est d'ailleurs un très bon point pour ce film (on a souvent le droit à des personnages sans émotion, sans histoire ni conviction dans des films semblables).

 

Ainsi, Moon est une réelle beauté. De par sa réalisation, mais aussi par son histoire. Il se détache totalement des autres films psychologiques auxquels on a le droit d'ordinaire. Malheureusement, il a été trop négligé en France, et cela fait une raison de plus pour que aller le voir (sauf si vous êtes fatigués, vous allez tomber rapidement) !

Moon
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